Marisa Merz naît en 1926 à Turin, où elle fréquente dès l’adolescence un environnement culturel caractérisé par l’expérimentation, jusqu’à la première présentation de ses Living Sculptures – œuvres réalisées en feuilles d’aluminium – en 1967 dans sa propre maison, et à la galerie Gian Enzo Sperone, dans cette même ville. Souvent présentée comme la seule femme du groupe Arte Povera1, Marisa Merz en maîtrise certains codes et enjeux – l’intérêt pour les matériaux bruts, la relation de la sculpture à l’espace, et de l’art à la vie – sans pour autant en faire complètement partie. En développant une position sensiblement autonome, elle produit pendant plus de cinquante ans une œuvre résolument ouverte.

Dans son atelier, Marisa Merz transformait l’espace et le temps en un grand collage, naviguant entre de nombreuses références, images et expressions de l’histoire de l’art, mais également des objets et matériaux du quotidien d’une grande variété : de l’aluminium à l’argile, du cuivre au nylon, de la cire au tissu. Un répertoire expressif radicalement personnel dans lequel culture savante et populaire, matériaux de l’art et objets de la vie quotidienne se confondent pour former une œuvre en même temps intime et étonnante, d’une puissance étrange.

Marisa Merz travaillait en séries mais en créant des œuvres éphémères, en transformation continue, revenant sans cesse aux mêmes motifs, aux mêmes matériaux, aux mêmes techniques, pour s’approcher véritablement de leur essence. Elle explore ses sujets par de subtiles et constantes variations, d’une œuvre à l’autre, jouant des échelles, des formes, des matières, des couleurs et des effets de surface. Les nombreux visages qu’elle a modelés, en cire, en argile ou en plâtre, recouverts de pigments, de feuilles d’or et de trames de cuivre, ou encore dessinés sans cesse, sur tous types de supports – de la planche de bois à la feuille de papier – ont pour cette raison la même incertitude dynamique et le même pouvoir d’attraction que ceux des artistes Medardo Rosso ou Amedeo Modigliani. Consciente que la peinture est un langage doté d’une mémoire, elle a pu retracer cette histoire, qui s’étend des icônes byzantines aux peintures religieuses les plus radicales, de Fra Angelico ou d’Antonello da Messina, retraçant néanmoins une histoire qui n’appartient qu’à elle.

LaM – Lille Métropole Musée d’art moderne, d’art contemporain et d’art brut
1, allée du musée
F – 59650 Villeneuve-d’Ascq
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